Cours de philosophie
T'as philo ? Avec qui ?...Nous voici revenus aux années 1960. Avoir eu comme professeur Emmanuel Peillet, pataphysicien notoire, oulipien et ami de Boris Vian, entre autres, est un privilège qui vous marque
Emmanuel Peillet (1914-1973)
Discret professeur de philosophie à Reims puis à Paris, Emmanuel Peillet fut le fondateur du Collège de 'Pataphysique, "Société de Recherches Savantes et Inutiles" à laquelle il sut agréger des "personnalités" artistiques, littéraires ou scientifiques et faire connaître la "science des solutions imaginaires" formulée par Alfred Jarry.
Avec la biographie rigoureuse du Régent Ruy Launoir, dont elles ont republié les Clefs pour la 'Pataphysique, les éditions de l'Hexaèdre proposent de redécouvrir des textes inédits ou peu trouvables, presque toujours antérieurs à son oeuvre publiée par les voies et moyens du Collège.
Ces photos font partie du « fonds Rafaël de Luc » de la Bibliothèque Municipale de Reims
Canticum Canticorum
Au cours de l’été 1930, le jeune Emmanuel Peillet (il avait seize ans), point trop dépris sans doute de l’éducation catholique reçue dans une famille très religieuse, calligraphia et enlumina le texte du Cantique des cantiques – dans sa version latine, où, comme on disait alors, toute honnêteté pouvait être bravée. Cette œuvre modeste mais soignée, réalisée sur un simple cahier d’écolier, a été conservée dans ses archives.
Philosophie du Départ
De Philosophie du départ, Jean-Louis Curtis écrivait en 1984 : «Quand je le lus pour la première fois en 1939, ce fut comme si un Nietzsche de mon âge m’interpellait en personne ». Le futur académicien, prix Goncourt en 1947, avait fait la connaissance de son auteur au collège de Juilly où il était lui-même surveillant – en 1939, il avait 22 ans, Emmanuel Peillet en avait 25.
L'Ordre
En décembre1944, Emmanuel Peillet – futur fondateur du Collège de ’Pataphysique – donna dans la ville de Reims une conférence sur l’Ordre : réalité transcendante depuis la Création du monde ou simple projection des frayeurs enfantines ?
La lecture des bons auteurs (Descartes, Spinoza) et des bons textes (le Cérémonial des Évêques, les Pieds Nickelés, la Bible) permet aux auditeurs de découvrir ce que trop d’entre nous ignorent encore : l’Ordre est une solution imaginaire.
Publiée à très petit nombre, cette plaquette introuvable en bibliothèque permet de comprendre – disons, de l’intérieur – pourquoi le Collège, voué aux Recherches Savantes et Inutiles, est et demeure une Société parfaite.
Antonin Artaud, le poète foudroyé
« Voici que s’obscurcit à son tour cette lampe fuligineuse et suffocante dont pourtant l’odeur insupportable elle-même nous servait encore de guide. » C’est ainsi que débute, le 12 mai 1948, la conférence que donna Emmanuel Peillet en hommage à Antonin Artaud : aliéné au sens propre du terme et disloqué par l’électricité mise au service de la psychiatrie, l’homme de théâtre avait passé dans des asiles huit ans de sa brève existence avant d’être reconnu par le Tout-Paris littéraire et artistique peu avant sa mort, à l’âge de 52 ans.
Mais le poète est aussi prophète : il annonce la fin d’un monde en décomposition, et le conférencier, au lendemain d’une guerre mondiale, veut faire sentir à ses auditeurs assis et rassis l’imminence de cette conflagration.
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